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« Avoir le pouvoir de s’opposer à une OPA »

Arnaud Montebourg veut protéger par la loi les entreprises nationales stratégiques, et leurs emplois, des OPA étrangères.Il dénonce le « laisser-faire » de la Commission européenne.

Arnaud Montebourg, député PS de Saône-et-Loire, a défendu à l’Assemblée un amendement visant à permettre au gouvernement, au nom du « patriotisme économique », de s’opposer à la réalisation d’une fusion. Alors que la menace d’Enel sur Suez reste vive, il s’en explique.


Challenges. La droite vous accuse d’avoir imaginé une ligne Maginot anti-OPA. Vous parlez, vous, d’une ligne Zapatero.
Arnaud Montebourg. Pour s’opposer à l’offensive d’E.ON sur Endesa, le Premier ministre espagnol a pris un décret-loi protégeant le secteur de l’énergie dans son pays. Notre amendement va dans le même sens. Le gouvernement doit avoir le pouvoir de s’opposer à une OPA pour défendre des entreprises stratégiques.

Au nom de quoi ?
Au nom du fait que l’Union européenne n’a pas été capable de bâtir une politique industrielle et qu’elle prétend empêcher les Etats membres d’en avoir une. Sa seule ligne étant le laisser-faire des marchés, il n’est pas     étonnant que, face à la déferlante des OPA, monte dans les Etats un désir de reconquête de la politique sur l’économie, qui est sans rapport avec le protectionnisme.

En quoi une éventuelle OPA de l’italien Enel sur Suez peut-elle choquer un Parti socialiste longtemps considéré comme le plus européen de tous ?
Suez, ce sont des activités stratégiques dans l’eau ou l’énergie. Elles ont un rapport étroit avec la sécurité nationale. Ce sont aussi des emplois qu’il faut défendre, des territoires qu’il faut préserver. A quoi sert de mettre en place des pôles de compétitivité si les concurrents directs de nos grandes entreprises peuvent mettre fin sur le terrain à une coopération locale entre grandes écoles, universités, sous-traitants ?

Vous accusez le gouvernement de ne rien faire contre les OPA, et vous lui reprochez de marier Gaz de France et Suez. N’est-ce pas paradoxal ?
Non. C’est la preuve que, faute de nous être     dotés d’un outil politique pour enca­drer les OPA, nous en sommes réduits à de graves expédients. Pour sauver Suez, entreprise privée, nous sortons de la sphère publique une entreprise, Gaz de France, qui est un instrument essentiel de la conduite de notre poli­tique énergétique. Le tout sans garantie qu’à la fin l’ensemble, y compris GDF, ne sera pas avalé par Enel !

Votre amendement ne traduit-il pas une volonté de revenir à une certaine forme de dirigisme en matière économique ?
Se doter d’un outil politique qui permette de négocier avec des opérateurs industriels, de leur demander des garanties sur leur projet, les emplois, ne peut être assimilé à je ne sais quel dogme. Le dogme, c’est au contraire de penser que seuls les actionnaires ont leur mot à dire. Beaucoup de nos champions nationaux sont dans une situation de grande fragilité capitalistique. C’est aux politiques de s’en soucier. On ne pourra éternellement trouver des ficelles condamnables comme le mariage GDF-Suez.
Arnaud Montebourg, député PS de Saône-et-Loire, a défendu à l’Assemblée un amendement visant à permettre au gouvernement, au nom du « patriotisme économique », de s’opposer à la réalisation d’une fusion. Alors que la menace d’Enel sur Suez reste vive, il s’en explique.

Challenges. La droite vous accuse d’avoir imaginé une ligne Maginot anti-OPA. Vous parlez, vous, d’une ligne Zapatero.
Arnaud Montebourg. Pour s’opposer à l’offensive d’E.ON sur Endesa, le Premier ministre espagnol a pris un décret-loi protégeant le secteur de l’énergie dans son pays. Notre amendement va dans le même sens. Le gouvernement doit avoir le pouvoir de s’opposer à une OPA pour défendre des entreprises stratégiques.

Au nom de quoi ?
Au nom du fait que l’Union européenne n’a pas été capable de bâtir une politique industrielle et qu’elle prétend empêcher les Etats membres d’en avoir une.
Sa seule ligne étant le laisser-faire des marchés, il n’est pas étonnant que, face à la déferlante des OPA, monte dans les Etats un désir de reconquête de la politique sur l’économie, qui est sans rapport avec le protectionnisme.

En quoi une éventuelle OPA de l’italien Enel sur Suez peut-elle choquer un Parti socialiste longtemps considéré comme le plus européen de tous ?
Suez, ce sont des activités stratégiques dans l’eau ou l’énergie. Elles ont un rapport étroit avec la sécurité nationale. Ce sont aussi des emplois qu’il faut défendre, des territoires qu’il faut préserver. A quoi sert de mettre en place des pôles de compétitivité si les concurrents directs de nos grandes entreprises peuvent mettre fin sur le terrain à une coopération locale entre grandes écoles, universités, sous-traitants ?

Vous accusez le gouvernement de ne rien faire contre les OPA, et vous lui reprochez de marier Gaz de France et Suez. N’est-ce pas paradoxal ?
Non. C’est la preuve que, faute de nous être dotés d’un outil politique pour enca­drer les OPA, nous en sommes réduits à de graves expédients. Pour sauver Suez, entreprise privée, nous sortons de la sphère publique une entreprise, Gaz de France, qui est un instrument essentiel de la conduite de notre poli­tique énergétique. Le tout sans garantie qu’à la fin l’ensemble, y compris GDF, ne sera pas avalé par Enel !

Votre amendement ne traduit-il pas une volonté de revenir à une certaine forme de dirigisme en matière économique ?
Se doter d’un outil politique qui permette de négocier avec des opérateurs industriels, de leur demander des garanties sur leur projet, les emplois, ne peut être assimilé à je ne sais quel dogme. Le dogme, c’est au contraire de penser que seuls les actionnaires ont leur mot à dire. Beaucoup de nos champions nationaux sont dans une situation de grande fragilité capitalistique. C’est aux politiques de s’en soucier. On ne pourra éternellement trouver des ficelles condamnables comme le mariage GDF-Suez.

Auteur :  Daniel Fortin
Source : Challenges.fr – Le 16 mars 2006

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