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Web 2.0 Le Net, deuxième génération

Avant, l’internaute se contentait de consulter des sites. Désormais, grâce à l’évolution technologique et aux usages multiples de la Toile, il peut les créer, y échanger textes, son et images et construire des réseaux en relation constante, notamment par le biais des messageries

C’est un savant cocktail composé de multiples ingrédients. Un peu de technologies, beaucoup d’usages nouveaux, une grosse louche de partage, d’échanges et de participation, du réseau et une pincée de mobilité. Le Web 2.0 : l’expression est à la mode, mais elle n’a pas de limites bien définies. Elle signifie avant tout qu’Internet a bien changé.

Hier, on consultait un site. Aujourd’hui, on y participe. On pioche, on lie, on relie, on retouche, on ajoute… Sur le Web 2.0, les informations et les données ne sont plus figées, elle n’appartiennent plus à personne et s’enrichissent en circulant. Voyez les blogs.

A l’époque du Web première version, ou Web 1.0, on bâtissait sa page personnelle. Les internautes la consultaient et pouvaient la recommander à d’autres. Désormais, le contenu d’un blog est commenté, corrigé, repris globalement ou en partie sur d’autres blogs et d’autres sites. Avec la page personnelle, le format lui-même était imposé. Dans le Web 2.0, certains voient une révolution, une prise de pouvoir des internautes, voire un " putsch des utilisateurs ". Il est l’objet de nombreuses polémiques. " Le Web 2.0, c’est le dernier truc à la mode, écrit sur son blog Tristan Nitot, président de Mozilla Europe, une association qui se consacre au développement de logiciels libres (standblog. org/blog/). Ce qui est fascinant, c’est que personne ne sait le définir correctement. Pour ma part, je me garderais bien de donner une définition du Web 2.0… D’autant que je trouve le nom lamentable, car il fait l’impasse sur un point essentiel : le Web évolue constamment depuis sa naissance ! "

Le Web 2.0 est arrivé sans crier gare, petit à petit, s’est installé clic après clic dans nos habitudes. " Google est peut-être la première application Web 2.0 ", assure ainsi Didier Rappaport, cofondateur du site Dailymotion (www.dailymotion.com), un des fleurons du nouveau Web français. Explication : Google hiérarchise ses réponses, en tenant compte du nombre de liens renvoyant à une page donnée. Autrement dit, ce sont les utilisateurs qui enrichissent le site, ce qui correspond typiquement aux modalités du Web 2.0.

" DIFFUSE-TOI TOI-MÊME "

" De simple consommateur, l’internaute est passé au statut de contributeur ", explique encore Didier Rappaport. Dailymotion s’appuie certes sur des technologies un peu novatrices, mais ce sont surtout les utilisateurs qui constituent son fonds de commerce et assurent son succès. Le principe est simple : sur Dailymotion, on poste ses vidéos et l’on regarde celles qu’ont déposées les autres internautes. Mieux : en quelques manipulations, on peut faire apparaître n’importe quelle vidéo sur son propre site ou blog. Plus il y a de vidéos, plus il y en a d’autres et plus il y a d’internautes…

Ce système inflationniste explique le succès rapide des sites de partage. YouTube (www.youtube.com), équivalent américain de Dailymotion, créé en février 2005, vient d’être racheté par Google pour la somme de 1,65 milliard de dollars. Le slogan de YouTube résumeà lui seul le programme du Web 2.0 : " broadcast yourself " (diffuse-toi toi-même).

Autre site symbolique de cette deuxième génération du Web, l’encyclopédie participative " Wikipédia " (fr. wikipedia. org). Ecrite par les internautes eux-mêmes, elle se présente elle-même comme un ouvrage " librement distribuable ". Chaque visiteur peut y créer de nouvelles pages, de nouveaux articles et modifier le contenu des pages déjà existantes.

C’est donc l’internaute qui, désormais, fournit le fonds du Web et qui choisit sa forme. Il crée et alimente le contenu : de l’écrit avec les blogs ou les sites participatifs, du son avec les podcast notamment, de la vidéo sur les sites d’échanges façon YouTube, ou encore des photos avec Flickr. Dans tous les cas, on ne se contente pas d’échanger des données et des informations. On construit des communautés, des groupes. L’une des autres grandes tendances de ce Web revu et corrigé, c’est qu’on y crée des réseaux, sociaux de préférence. On se regroupe par centres d’intérêt, on échange, on communique, on s’entraide.

DES LIENS CONSTANTS

Grâce aux messageries instantanées, du type Windows Live Messenger (ex-MSN), on peut vérifier, de manière permanente, qui est en ligne et qui ne l’est pas. Avec un téléphone portable, on peut mettre à jour son blog, y envoyer des photos, agrémenter son espace personnel de vidéos. Et on reste en relation avec sa communauté, en tout lieu et à tout instant.

Version après version, les éditeurs ont coutume de numéroter leurs logiciels. Ainsi, Microsoft a-t-il récemment dévoilé la septième version de son célèbre navigateur Internet Microsoft Internet Explorer, baptisée Microsoft Internet Explorer 7.0. En octobre 2004, Dale Daugherty, l’inventeur de l’appellation Web 2.0, s’est inspiré de cet usage. Le directeur général d’O’Reilly Media, éditeur américain de manuels d’informatique, spécialiste de la gestion de l’information et des systèmes, ancien conférencier à l’université de Berkeley, cherchait à définir en une formule simple tous les changements qu’il observait sur la Toile.

Pour traduire ce mouvement et pouvoir en parler, il a tout simplement utilisé la nomenclature qu’il connaissait le mieux : celle de l’univers informatique.

Source :
Le Monde – Le  22 novembre 2006
Auteur : Olivier Zilbertin

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