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Clearstream: la quête du corbeau s’intensifie

Une perquisition a eu lieu dans le bureau d'Alliot-Marie.

Nicolas Sarkozy veut prouver qu'il a été victime d'une sale manipulation, ourdie en 2004 par des proches des services secrets français. Depuis qu'il s'est officiellement constitué partie civile le 31 janvier, cas rarissime pour un ministre en exercice, les enquêteurs font feu de tout bois pour découvrir le corbeau laissant faussement entendre que le ministre de l'Intérieur aurait disposé d'un compte occulte à l'étranger, via la société financière Clearstream. Agendas. Jeudi, les juges d'instruction Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, en charge de l'enquête pour dénonciation calomnieuse, ont perquisitionné le bureau de Michèle Alliot-Marie au ministère de la Défense, en saisissant notamment ses agendas.

Dans les semaines précédentes, ils avaient déjà visité les locaux de la DGSE (contre-espionnage), du secrétariat général de la Défense nationale, les bureaux du général Rondot, as du renseignement français récemment parti en retraite, et de Pierre Juillet, le monsieur «intelligence économique» du gouvernement français. Ne reste plus qu'à perquisitionner Matignon ou ­ soyons fous ­ l'Elysée pour parfaire le tableau. Quant aux locaux d'EADS, l'entreprise aéronautique étant soupçonnée d'abriter le ou les corbeaux, elle fait portes ouvertes depuis longtemps. On ne connaît pas le contenu de la moisson, pas même Sarkozy, qui n'a toujours pas été entendu par les juges d'instruction. Il n'a donc pas encore copie ­ via son avocat ­ des éléments figurant au dossier. Selon le Journal du Dimanche, son défenseur, Me Thierry Herzog, s'en est plaint dans un courrier aux magistrats, insinuant une «volonté délibérée de le priver d'avoir accès à la procédure ainsi que de fournir rapidement les explications qu'il estimera utile d'apporter au regard du préjudice qu'il a subi». Car Sarkozy entend bien faire grand cas de ces manoeuvres, d'ici 2007, pour apparaître comme l'éventuelle victime du «cabinet noir» de la Chiraquie.

Toujours selon le JDD, le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, s'est également plaint de cette rétention. C'est par le procureur que remontent les informations au garde des Sceaux, alors que l'Intérieur peut compter sur les remontées des policiers participant aux perquisitions. Ambiance au gouvernement. L'orientation de l'enquête semble toutefois aller dans le sens de la théorie sarkozienne du complot, manigancé, si ce n'est par Dominique de Villepin, du moins par ses services. De fait, la DGSE fut la première à s'intéresser à Clearstream, cette centrale bancaire par laquelle transitent la plupart des flux financiers à travers la planète.

En 2003, soucieuse de percer la nébuleuse financière d'Al-Qaeda, la DGSE avait mis la main sur un premier fichier des clients de Clearstream. C'est un bidouillage informatique de ce fichier originel, faisant apparaître les noms de quelques ayants droit (personnes physiques), qu'a fait circuler le corbeau en 2004. Listing vite apparu bidon au juge Van Ruymbeke.

Sommeil. Des personnalités politiques visées, comme Alain Madelin, Jean-Pierre Chevènement et DSK, ont préféré en rester là. Au contraire, des dirigeants aéronautiques, comme Alain Gomez, ex-PDG de Thales, ou Philippe Delmas, de l'Etat-major d'EADS, ont porté l'affaire devant les tribunaux : ils flairent, les concernant, un règlement de compte entre marchands de canons. Leur plainte sommeillait depuis plus d'un an. Elle s'est subitement emballée avec l'entrée en scène judiciaire du président de l'UMP.

Source : Libération – Le 17 avril 2006
Auteur : Renaud LECADRE

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