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Les géants de l’Internet défendent leur politique de collaboration avec le régime chinois

Difficile journée pour les cadors de l’Internet et de l’informatique, mardi 31 octobre, lors du Forum sur la gouvernance de l’Internet (FGI) qui se tient à Athènes. Plusieurs compagnies dont Google, Microsoft et Cisco systems ont défendu leur collaboration avec le régime chinois, qui censure la Toile, malgré le feu de critiques dont elles ont fait l’objet. "Nous avons conclu que nous préférions offrir un maximum d’informations aux Chinois en dépit du fait que nous censurions certains éléments dont le gouvernement ne voulait pas", a déclaré à Athènes Vint Cerf, conseiller du n° 1 de la recherche sur Internet, Google. "L’espace dans lequel nous opérons est très compétitif. Si nous n’offrons pas ce que les gens nous demandent, ils s’adressent ailleurs", a-t-il poursuivi.

L’objectif des firmes américaines est de séduire les cent onze premiers millions d’internautes chinois. Ainsi, Google.cn en langue chinoise a vu le jour en janvier 2006. Pour investir le réseau chinois, Google a accepté de s’autocensurer et la société s’est pliée à la volonté du gouvernement de Pékin.

Ici, "Don’t be Evil" ("Ne fais pas le mal"), le slogan que Sergey Brin, cofondateur de Google, avait trouvé pour son moteur de recherche, sonne creux. Sur Google.cn, les sujets qui fâchent le gouvernement sont soigneusement redirigés. Les recherches sur des mots-clés comme "droits de l’homme" renvoient directement aux positions officielles du gouvernement chinois…

LA CHINE, MARCHÉ D’AVENIR

Les représentants des géants de l’Internet ont été vivement pris à partie lors du débat sur la liberté d’expression organisé par le FGI. Un représentant de l’association Reporters sans frontières (RSF) a accusé l’éditeur de logiciel Cisco systems d’avoir directement "vendu du matériel à la police chinoise". "Nous vendons la même chose à tous les pays, nous ne faisons rien pour permettre à un gouvernement d’opérer un filtrage", a déclaré Art Reilly, directeur de Cisco systems pour les questions stratégiques. Pressé de questions, il a ajouté ne pas être "au courant de la vente d’un produit en Chine quel qu’il soit".

Fred Tipson, un conseiller de Microsoft, a pour sa part pris la défense de Yahoo!, accusé d’avoir collaboré avec la police chinoise pour l’arrestation d’un dissident. "Yahoo! a son équipe en Chine. S’ils avaient refusé de coopérer, tout le monde aurait été arrêté et expulsé." John Marcom, vice-président des activités internationales de Yahoo!, de passage à Paris début octobre, ne laissait planer aucun doute concernant les priorités de sa firme. "L’Inde et la Chine sont les marchés à plus fortes marges de croissance aujourd’hui. Nous voulons y être présent." Et d’ajouter : "Techniquement, pour être efficace sur un territoire, nos serveurs doivent être physiquement présents sur place. Nous avons donc décidé d’être installés en Chine, et pour cela nous devons respecter la loi chinoise."

Relancé par un journaliste sur le fait que cette politique avait conduit un homme dans les geôles chinoises, John Marcom a conclu : "Nous ne faisons pas du journalisme, nous sommes dans le business de la communication."

Auteur : Eric Nunès avec AFP
Source : Le Monde – Le 31 octobre 2006

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