Il n’y a pas si longtemps que cela j’étais contacté pour participer à un livre blanc collaboratif sur la veille et son avenir en 2011 (à paraître prochainement).
Pour différentes raisons, qui ne sont nullement l’objet de ce billet j’ai décliné cette invitation. Il n’empêche que le sujet m’intéresse et qu’il me semblait pertinent de prendre le temps de répondre à cette question.
Je ne suis nullement un devin, et je me considère encore moins comme un gourou, alors bien évidemment il faudra prendre ces prévisions pour ce qu’elles sont : ma vision, voire même mes envies ou mes illusions, de ce que pourrait devenir la veille en 2011 et soyons fous, peut-être même 2012.
1) Une veille attachée à créer de la valeur
La vision anglo-saxonne de la veille est rationaliste. Souvent basée sur les chiffres, les données factuelles et formelles que l’on peut extraire du Web ou de toute autre source d’information. Elle permet d’alimenter des bases de données internes, des Wikis, des Systèmes d’Information et d’Aide à la Décision au sens Business Intelligence du terme, et de procéder à des arbitrages essentiels pour l’entreprise : décision de rapprochement en vue d’un rachat ou fusion avec une autre entreprise, estimation des capacités de production nécessaires à mobiliser et particulièrement du couple quantité / prix le tout par zone géographique.
La veille dans les pays anglo-saxons c’est aussi la différence organisationnelle souvent nette entre « business analysts » et « information researchers ». Ainsi les « information researchers » permettent aux business analysts de lever certaines ombres liées à une problématique d’analyse marché spécifique. La création de valeur liée à l’analyse et aux arbitrages qu’elle permet de faire est ainsi une chaîne verticalisée dans laquelle le spécialiste de la recherche d’information a des savoirs faire bien spécifique qui lui permettent de cerner une demande d’information, de la mener à bien, et d’en communiquer les résultats sous une forme optimale. L’analyste connaît lui son marché, il a acquis une connaissance fine de ses mécanismes et de ses acteurs. Cette connaissance découlant de son acculturation et de son expérience dans le secteur lui permette de pleinement donner la valeur à l’information qui lui est apportée.
Le paysage français de la veille est désespérément vide de véritable chercheurs d’informations, de veilleurs haut de gamme. Les licences estampillées veille se font rare et tous les diplômés de 3ème cycle en intelligence économique visent d’être analystes ou stratèges mais nombre sont ceux qui rechignent à mettre le nez dans des outils. Ce n’est pas nouveau en France l’artisanat est sale. Le logiciel aussi. L’intellectualisation de la veille à laquelle on accole souvent le terme stratégique ou que l’on renomme en intelligence économique a creusé un gouffre entre l’information et ceux qui en ont besoin (les analystes et les stratèges). Les soldats de l’information, ceux qui vont la chercher en remontant les manches, ont déserté les rangs d’une armée dans laquelle les chefs se sont multipliés en se souciant peu de recruter les bons profils pour les aider à dessiner leurs cartes et peufiner leurs plans.
Rajoutons à cela le mythe de l’outil magique, productif, divinatoire et sémantique qui tournera dans une improbable autonomie qui n’existe que sur les powerpoints ou plaquettes commerciales qui prennent soin de gommer toutes traces de recrutement et toute évaluation des temps hommes.
Je crois, j’espère tout du moins, que 2012, 2013, voire plus si affinités, apporteront une revalorisation du rôle de l’ « information researcher ». Une revalorisation que l’on retrouvera dans le fonctionnement des processus collaboratifs et non dans une malsaine logique de sous-traitance ce qui est parfois la tare des systèmes CI à l’anglo-saxonne.
La veille est un art qui est un des points clés de l’intelligence économique. 2012 année de la veille?
2) Une veille structurée (enfin !)
Là encore regardons du côté anglo-saxon et recherchons des plateformes de veille ou des logiciels de veille. Des qui ressemblent à un Digimind ou à un Ami Software ou bien encore à des KIM (Arisem).
Ils sont rares…
On le sent, pour justifier du ROI de la veille, le Saint Graal qui ouvre les portes de l’augmentation salariale et du déblocage budgétaire, il nous faut des chiffres. Des chiffres sur les concurrents, des chiffres sur le marché.
A défaut de chiffres il nous faut une information que l’on peut traiter, voire mieux… comprendre, et le tout en s’accommodant d’une masse d’information qui n’a pas fini de nous déboussoler et de nous pousser à inventer de nouveaux outils de traitement de l’information plus productifs, plus « clairvoyants ».
Outre-Atlantique on parle de Web Scraping, ou bien encore de Web Harvesting. On a compris depuis fort longtemps que la collecte de documents textuels était une intellectualisation du business. Le petit plaisir qui revient à lire son journal le matin avec son café.
Il y a un autre signe qui ne trompe pas. Google nous donne le la.
Google Squared qui structure la donnée à la volée avec plus ou moins de succès, Google encore qui intègre les micro-formats permettant de structurer l’information à la source même. Dernièrement encore Google Refine.
Le RSS a montré clairemenent la puissance de la structuration et de la normalisation des informations. Et pourtant la structuration du RSS est légère. Imaginons nous la même chose mais avec plus de champs. Certes cela serait plus dur à mettre en place mais également beaucoup plus puissant.
Structurer les données de la veille, au plus près de la source, c’est s’assurer de son exploitabilité maximale. C’est également s’assurer de sa mobilité, de sa transmissibilité.
2012 sera l’année de la base de données pour la veille.
3) Une veille financée
Aujourd’hui beaucoup d’entreprises françaises ses sont essayées à la veille. Elles s’y sont essayées avec plus ou moins de succès.
Et comme beaucoup d’essais on y va sur la pointe des pieds. On jauge. On demande un investissement ridicule ou minime et on attend un ROI monstrueux.
Les coupables sont nombreux :
- Les institutions qui ont financé des projets d’une qualité plus que médiocre sans véritable analyse du besoin, et je pense en priorité aux projets que j’ai pu voir dans certains pôles de compétitivité souvent sous-dimensionnés pour répondre à une hétérogénéité de besoins, de typologies d’utilisateurs et des usages.
- Les “têtes d’affiche” de l’Intelligence Economique que j’entends régulièrement dire que l’intelligence économique et la veille ce sont des états d’esprit. Que l’on peut faire de la veille et de l’Intelligence Economique low cost. Oui on peut. On peut aussi essayer de faire le Paris Dakar avec une DS (la voiture pas la console…) On a toutefois peu de chances de gagner la course. On peut aussi recruter des bacs + 5 à 28 K € par an en leur demandant de parler 3 langues (mais 4 serait un plus), d’être des veilleurs en pointe et des analystes dans l’âme. On peut. Mais il est plus sûr qu’en faisant cela vous construisiez votre propre gibet en mettant au cœur de votre démarche des équipes potentiellement volatiles.
- Les formations qui mettent du Netvibes, du Google Alerts en avant sans offrir un autre éclairage des outils d’intelligence économique, de text mining, … et qui propagent le mythe du tout gratuit.
Non. L’intelligence économique cela demande des efforts et de l’argent. C’est un investissement et un investissement se construit dans le long terme.
Et si 2012 était l’année du vrai projet d’intelligence économique, de veille, construit, budgété, dimensionné, échelonné ?
4) Une veille reconnue
Et là plus qu’une vision c’est une information.
La norme AFNOR XP-X-50-053, norme expérimentale se fait vieillissante.
Dans les prochaines semaines de nouveaux écrits de l’AFNOR devraient voir le jour autour de la veille et de l’intelligence économique. Cela fait plus d’un an qu’ils sont en préparation.
Je ne peux m’empêcher de reconnaître que j’ai des doutes sur l’opposabilité et la reconnaissance de ces écrits mais la course acharnée que semblent se livrer Bernard Carayon, Hervé Séveno, et Olivier Buquen afin d’avoir le dernier mot pour savoir comment ils régenteront mieux une profession qui semble visiblement les inquiéter, pourrait bien trouver une issue dans la normalisation.
Année 2012 pour la veille : année de l’ordre ? Non… J’aimerais bien mais là sincèrement je n’y crois pas malheureusement.
5) Une veille ravivée
Les signes sont là. Ils ne peuvent plus être ignorés.
L’essaimage du rapport Martre a bien vécu mais les barrières à l’entrée établies de longue date commencent à céder.
La jeune génération ne s’en laisse plus compter quitte à blesser quelques égos trop longtemps ménagés.
Des 6 derniers mois les échanges ont été vifs.
Voir un Bernard Besson et un André Added de l’IFIE inviter les jeunes générations au dialogue, et simultanément se lancer en tant que Business Angel pour les jeunes pousses en intelligence économique. Fichtre. Je ne croyais pas voir cela de mon vivant.
Il ne nous manquera plus qu’à voir Hervé Séveno aussi inquiet de défendre les jeunes professionnels que d’être consulté par Olivier Buquent et peut être pourrons nous enfin dire que l’intelligence économique et que la veille ne sont pas qu’une invention générationnelle mais bien un outil au service des entreprises.
Année 2012, année du dialogue et du renouvellement pour la veille ET pour l’intelligence économique.
Que de vœux pieux. Que d’espoirs. Peut-être certains ne verront pas le jour en 2012. Peut-être me trompe-je également pour certaines d’entre elles.
Mais s’il y a une chose dont je suis convaincu à propos de la veille, c’est qu’il s’agit d’une fonction indispensable. Je suis également convaincu qu’il s’agit d’un travail de passionné. S’il est un métier dans lequel la formation continue prend tout son sens, c’est bien dans notre métier. Elle prend nos soirées, parfois nos week-end et l’information nous accompagne souvent où que nous soyons.
C’est un métier que j’exerce avec un plaisir ininterrompu depuis des années maintenant et qui m’a conduit à rencontrer des gens de grande valeur, certains ayant fait partie des premiers blogueurs tels que Christophe Deschamps ou que Christophe Asselin, d’autres beaucoup plus récemment diplômés, certains ayant même été mes étudiants et que je considère plus comme des amis aujourd’hui.
Tous on t ce goût de l’information. La plupart considèrent leur travail comme une source de découverte perpétuelle.
Ce que je souhaite à la veille c’est qu’elle continue à susciter les passions, et à créer les vocations, en 2012 et après.
Belles visions (espérances ?) pour 2012 !
Y a plus qu’à maintenant !
Allez hop, au boulot 🙂
Et tu crois que je fais quoi hein !!!??? jour et nuit, par monts et par vaux ! 🙂
Non plus sérieusement je sens quand même une nette évolution dans les projets sur lesquels j’ai bossé il y a 3 ans et maintenant.
Des entreprises plus matures, qui comprennent mieux ce qu’implique se procurer l’information dont elles ont besoin.
Voilà, donc je pense que globalement la veille va dans la direction que je décris … mais ce sera peut être pas en 2011 et 2012.
Bon faut que je me remette à bloguer. Prochain article : 4 raisons pour lesquelles la curation c’est de la merde.
La curation c’est de la merde: provocateur…
Dans quel contexte devient-elle merdique exactement?
Une superbe analyse 😉
j’aime lire: “Les formations qui mettent du Netvibes, du Google Alerts en avant sans offrir un autre éclairage des outils d’intelligence économique, de text mining, … et qui propagent le mythe du tout gratuit.”
On peut rajouter: “les formations qui ne s’inscrivent pas dans des démarches techniques car trop sale aux yeux des managers”. En France, quelque soit le domaine, surtout il ne faut pas toucher la technique. Pourtant c’est ce qui permet de rester face à la réalité !
Merci Sam,
Je ne peux qu’être en total accord avec toi.
Le logiciel sale, celui qu’on cache, le technicien que l’on dévalorise.
La route est longue.
Et ce qui est sur c’est qu’aujourd’hui il est impossible dans notre métier de nier l’importance des outils de traitement de l’information.
Je rajouterai: la volonté “du tout technologique”. Beaucoup (trop) de personnes pensent que la technologie va répondre à leurs problématiques (ex: le sentiment analysis!).
Or la technologie doit rester une approche calquée sur une vision humaine.
Chapeau. Véritable état des lieux du milieu 🙂
Patience… Patience… Les choses commencent à bouger; j’ajouterais simplement que la problématique de la veille en entreprises (pour la France) concerne non pas celle du CAC40 (qui malheureusement font la pluie et le beau temps) mais les PME/PMI qui devraient être les véritables acteurs. Joli paradoxe.
Progressivement, que ce soit pour la veille, les réseaux sociaux, l’intelligence économique le constat revient souvent à un problème de réflexion de sur le Management, j’irais jusqu’à dire au “retro-management” véritable frein aux talents. Sous la peur de voir le poste “voler” par le petit jeune plein de bonnes idées et intentions…
Ah la France et ses gaulois 🙂
Excellent article. “I Like” comme on dit sur Facebook.
quelques remarques pour le devenir de la veille:
“petit” paramètre légal sur le devenir des métiers veille-IE: la censure de la Loppsi 2 par le conseil constitutionnel et donc le rejet des articles sur l’encadrement de l’IE.
Le député B.Carayon contitue par contre de porter sa proposition de loi sur le secret des affaires.
Tout ca dépendra des possibilités du calendrier parlementaire d’ici 2012 et ensuite aprés les élections de 2012 des initiatives législatives, gouvernementales et autres…
l’affaire Renault aura sans doute quelques ricochets divers…m^me si elle s’avère étre une manip ou une escroquerie “humaine” .
Au passage , on a vu nombre d’acteurs francais de l’IE être médiatisés…avec une perception “compliquée” dans l’opinion non spécialiste!
On devrait voir l’IE devenir une matière universitaire en …2013…? d’ici là, les “outils” auront encore changé et qui sera a même que définir la pertinence de l’enseignement ?
l’expansion continue des sources sur internet et autres réseaux sociaux, la banalisation économique des enjeux de la E-réputation jusqu’aux commerces de proximité, sont autant vecteurs + pour la veille mais son usage stratégique est plus que jamais affaire de choix décisionnel.
a suivre..
Droit de réponse du Syndicat Français de l’Intelligence Economique – SYNFIE – et de la Fédération des Professionnels de l’Intelligence Economique – FéPIE à Monsieur Frédéric MARTINET
Cher Monsieur,
Nous regrettons que vous n’ayez pas donné suite à la proposition que vous évoquez de « participer à un livre blanc collaboratif sur la veille et son avenir en 2011 (à paraître prochainement) », compte tenu des arguments que vous évoquez ci-contre, pour partie dignes d’intérêt.
Nous regrettons tout autant que vous n’ayez pas jugé opportun de prendre contact avec les responsables du SYNFIE ou de la FéPIE – dont M. André ADDED de l’IFIE que vous mentionnez fait partie – pour exprimer vos frustrations ou vos vœux…fût-ce pour 2012 ! : nous vous invitons dès lors à rejoindre notre espace de débats et de propositions pour la défense des métiers de l’Intelligence Economique à laquelle vous semblez attaché.
Nous vous invitons tout autant à éviter l’écueil de la personnalisation sur lequel s’abîment vos arguments en désignant comme vous le faites des acteurs du secteur institutionnel, législatif et syndical dont l’objectif partagé – en dépit de saines divergences – est de permettre au secteur privé de l’Intelligence Economique auquel vous semblez appartenir de s’affranchir des amalgames douteux, par l’effet d’un vide juridique indigne d’un Etat de Droit.
La normalisation que vous appelez de vos vœux est un objectif que nous partageons depuis longtemps, hélas sans succès : nous comptons donc sur vous, Monsieur Martinet !
Sachez que nous sommes tout autant attentifs aux jeunes professionnels et que notre démarche, nos objectifs, ne sont nullement empreints de quelque considération que ce soit, ni générationnelle ni autre, nous en sommes fiers.
Nous vous confirmons que les métiers de l’Intelligence Economique, les métiers de la veille sont un outil de compétitivité au service des entreprises.
Hervé SEVENO – Président du SYNFIE / FéPIE
PS : « Sam » a raison : « le monde gagné à la technologie est un monde perdu pour l’homme » – dixit Bernanos…
Monsieur Séveno,
Monsieur le président de la Fépie,
Monsieur le président du Synfie,
Cher monsieur,
Concernant le livre blanc mentionné je constate juste que je ne suis pas le seul à en être absent et loin d’être le seul à ne pas y avoir donné suite.
J’ai eu toute l’occasion d’en discuter avec Monsieur Ruiz.
Je ne vois pas en quoi le Synfie ou la Fépie est concerné par ce livre blanc, ni bien même par mon refus.
J’ai par ailleurs l’outrecuidance de croire que mes propos sur mon propre site Web sont bien plus fidèles à ce que je voulais dire car j’ai l’opportunité de les diffuser dans la longueur qu’il me plait et de citer les noms qu’il me plait et de personnaliser le débat tout autant qu’il me sied en respectant bien évidemment le droit commun français. Et en dernier lieu, je suis tout aussi à l’aise pour rediffuser librement mon propre contenu sans aucun contrainte d’aucune sorte, librement, à qui veut le lire sans bien même à avoir à décliner son prénom, email et société. Personnalisation que les personnes que je cite ne se gênent pas dernièrement à employer par l’intermédiaire de communiqués de presse interposés. Je ne fais finalement que faire ce que vous avez fait vous même dernièrement à l’ouverture de la formation IE à Paris Dauphine par exemple. (Et ce n’est qu’un exemple des très nombreux communiqués, courriers, emails sur liste de diffusion qui ont circulé dernièrement.)
Concernant Monsieur Added, j’ai eu l’occasion de le rencontrer au Gala de l’EGE en 2009, et également en 2010 et je l’ai également rencontré le 27 octobre 2010 pour une conférence qu’il me proposait de réaliser bénévolement, en produisant les slides, sous la houlette de l’expertise de Monsieur Besson. Appréciant modérément de réaliser le travail, de n’être aucunement rémunéré et de jouer de surcroît les faire-valoir, j’ai décliné cette intervention également.
Mais que fais je donc de ma vie à décliner toutes ces invitations d’experts… ?
C’est ce à quoi j’essaie de répondre dans ce billet que vous avez pris, je l’espère le temps de lire, en dehors des noms qui y sont présents et qui ne représentent qu’une part très marginale de l’intérêt que constitue ce billet à mes yeux.
Concernant le vide juridique que vous évoquez, et quitte à tomber encore une fois dans la personnalisation, force est de constater que Monsieur Carayon ne semble pas partager votre opinion si je relis avec attention le courrier qu’il a dernièrement rédigé suite à la suppression des articles de la Loppsi 2 relatifs à l’intelligence économique. Et je suis en grande partie d’accord avec lui pour une fois. L’arsenal juridique n’est pas vide. Il est même bien garni. Contrefaçon, parasitisme économique, abus de confiance, espionnage… Et on le voit bien d’ailleurs : il suffit largement à condamner ceux qui se font prendre la main dans le sac. J’ai bien peur que les objectifs poursuivis par la Loppsi 2 ne soient pas aussi clairs que s’affranchir des amalgames douteux. Soyons tout de même rassuré, le conseil constitutionnel, garant de l’état de Droit à son plus haut niveau, la conformité à la constitution, a jugé que c’était la Loppsi 2 en grande partie qui était indigne d’un état de droit.
La normalisation que vous appelez de vos voeux est en cours. Disons que l’Afnor y travaille. Et que ses travaux aux quels sont associés quelques institutionnels et quelques acteurs privés sont prêts à sortir. Ce ne sera pas une norme mais c’est déjà une mise à jour qui s’imposait. Elle n’a pas eu besoin de moi et j’en suis fort aise.
Je serai ravi de me joindre aux débats si tant est qu’ils soient plus productifs que ce à quoi ils ont pu aboutir depuis l’existence de la Fepie. Et j’aurais grand plaisir à vous rencontrer.
Pour conclure je me permets de vous adresser une question car en bon professionnel de l’information j’aime les fait et non pas les assertions. Quel est le pourcentage des adhérents de la Fepie (ou du Synfie d’ailleurs car personnellement j’ai du mal à faire la différence étant donné le taux de recouvrement…) qui ont moins de 35 ans (en y incluant le bureau) et quel est l’âge moyen de ses membres ?
Frédéric Martinet, consultant intelligence économique et veille, blogueur.
Exellent billet comme souvent 😉
“Le paysage français de la veille est désespérément vide de véritable chercheurs d’informations, de veilleurs haut de gamme”
Oui, je me fais soucent la réflexion. Les formations IE/Veille Bac +4/5 forment de mois en moins (bien) à la recherche d’information, à quelques exceptions…
Du coup, on trouve de très bon profil auprès d’écoles comme l’EBD ou l’ENSSIB, NOTAMMENT
Car il n’y a pas que Facebook et Twitter dans la vie ! Il faut savoir construire une requête, connaître les annuaires, les syntaxes avancées…
Christophe, vieux de la veille…
Je souhaitais initialement ajouter ma pierre à l’article de Frédéric mais je le ferai sur mon blog dans un prochain billet.
Je vais plutôt profiter du message de Monsieur Séveno pour continuer le dialogue (oui parce que sauf cas extrêmes, il n’y a pas besoin de demander de droit de réponse sur un blog, il suffit de dialoguer).
Depuis 10 ans Frédéric Martinet fait partie de ceux qui font connaître et aimer l’intelligence économique à ceux qui le lisent, et ils sont très nombreux. Il fait partie avec quelques-uns, dont je suis, des passionnés qui ont choisi d’aborder le sujet par l’aspect technique que constitue la veille sur internet. Pourquoi? Parce que les résultats d’une bonne veille irriguent l’ensemble d’un dispositif d’IE et aident à son pilotage. Les informations apportées par le veilleur/chercheur d’information (et là je parle aussi de veille terrain) sont, ou devraient être, au coeur des problématiques de sécurité, d’atteintes à la réputation, de lobbying/influence. La veille, génère du renseignement et elle n’est donc pas une composante de l’IE comme une autre mais son coeur même. Or que constate t-on (et Frédéric le dit très bien) : que les étudiants ne sont que rarement formés aux outils (on préfère leur faire croire qu’ils deviendront tous d’influents agents d’influence), mais aussi que le métiers de la veille sont sous-représentés au niveau d’instances comme le Synfie/Fépie. Un faisceau d’indices à l’appui de cette dernière assertion, pour lesquels je n’ai pas trouvé de pièces à décharge (mais je suis évidemment preneur) :
1) Une recherche sur le site de la Fépie avec le terme “veille” donne 8 résultats dont seulement 5 pertinents (12 pour “sécurité”, 9 pour “protection”). Mais c’est peut-être une question de temps.
2) La fiche CERTIDOC de consultant en IE est renseignée, pas celles de chargé de veille et d’analyste. Mais c’est peut-être un problème de main d’oeuvre.
3) J’ai fait quelques recherches rapides sur les 20 membres du conseil d’administration de la Fépie (la curiosité est mon métier) et j’aurai tendance à penser que 2 seulement se sont frottés concrètement aux problématiques de la veille. Mais peut-être n’ai-je pas tous les éléments en main.
4) Dans votre réponse du 16 mars à Bernard Carayon on peut lire que vous sollicitez “la position d’associations représentatives des métiers de la veille stratégique – ingénieurs, informaticiens – “. Savez-vous que les veilleurs ne sont que très rarement des ingénieurs ou des informaticiens? Ceux-là développent les plateformes pour les éditeurs mais n’ont pas les mains dans le cambouis au quotidien, ne recherchent pas les sources d’informations et ne construisent pas des requêtes élaborées pour identifier les données utiles.
Comme vous le voyez rien de définitif mais avouez, c’est troublant…
J’ai tendance à croire que la majorité des personnes qui ressortent des métiers de l’IE en France sont des veilleurs (là encore je suis prêt à examiner des chiffres qui me contrediraient). Ils ont été formés sur le tas ou dans un cursus spécifique, ils sont des documentaliste reconvertis ou des spécialistes ayant choisi d’appliquer ainsi leurs connaissances. Peut-être doit-on les appeler des petites mains mais ce terme a des connotations péjoratives alors que je l’associerai plus volontiers au champ sémantique de l’artisanat. Ils ne sont pas forcément dans le “big business”, ils ne recherchent pas tous des informations concernant des opérations de fusions-acquisitions (mais parfois si), ils ne travaillent pas tous à donner un éclairage décisif à une question d’implantation stratégique (mais parfois si), ils travaillent sur les innombrables sources blanches fournies par le web (mais où classer Wikileaks…) et ne risquent pas d’entacher un peu plus l’image de l’IE, pour finir, ils sont de plus en plus nombreux à travailler pour des organismes institutionnels. Pourtant ils ont tous un point commun : ils alimentent en information le processus décisionnel des organisations pour lesquelles ils travaillent et rentrent donc bien dans les différentes définitions de l’IE.
Faudra t-il créer un syndicat professionnel des veilleurs en plus du Synfie et de la Fépie?
Bien sûr vous allez me dire “Pourquoi alors ne pas toquer à la porte de la Fépie?”. Un problème de cercle vicieux sans doute. Si l’on sentait que ces organismes portaient autant la thématique de la veille stratégique que celle de l’analyse du risque, de la protection du patrimoine des entreprises, du due diligence ou du lobbying (quoique là on est pas très en avance non plus), nous serions sans doute plus enclins à y être représentés.
De fait les veilleurs n’ont pas attendus la Fépie ou le Synfie pour être visibles et influents dans leur secteur (voir par exemple : http://www.peerindex.net/competia/group/veille_et_vigie ), mais nous évoluons dans des mondes parallèles et c’est dommage.
Une très bonne analyse !
J’ajouterai seulement que si la veille stratégique semble emprunter une bonne voie, ce n’est pas le cas de l’intelligence économique, qui malgré les efforts des pouvoirs publics, peine à imposer ses fonctions (surtout celles de l’influence et de la protection de l’information) et reste malheuresement méconnue des PME.
De mon côté, j’ai probablement pris le temps de lire cet excellent billet, car il est publié sur un blog d’une personne qui, il me semble, partage certaines passions et visions du monde dans lequel j’évolue. Je n’aurais probablement pas trouvé un ton comme celui-ci au sein d’un livre blanc et d’ailleurs je ne sais pas si ce livre blanc se serait retrouvé dans mes lectures quotidiennes…
Un blog c’est aussi une liberté dans la communication et lorsque je vois les réactions de la “SYNFIE […] Fépie” excusez moi, mais je m’y perds… multicasquette, des acronymes qui demandent une antisèche pour retrouver les mots initiaux, un droit de réponse sur un blog, des processus d’intégration complexes…
Oui, je suis jeune (enfin 30 ans c’est une question de points de vue). Je ne suis pas non plus un digital natif, et sans à priori concernant la Fépie, je ne vois pas ce que je pourrais y gagner à m’impliquer notamment parce que j’ai le sentiment que ce n’est pas pour moi ou que je serais en décalage avec ses membres.
Pour en revenir à l’article j’attends avec impatience un billet critique sur la curation, car en ce moment on est plus habitué aux louanges.
J’ai lu avec intérêt ce billet, qui aurait pu être sous-titré « lever de soleil sur la Veille ».
Sans pour autant remettre en cause la pertinence des remarques formulées, j’aimerais soumettre ce qui, dans une démarche dialectique, pourrait être qualifié d’antithèse, sous-titrée « la nuit de la Veille ». Car malgré les signaux encourageant soulignés, des blocages restent vivaces.
1) Une veille attachée à créer de la valeur…mais pas pour tout le monde
La principale caractéristique de la veille anglo-saxonne, qui manquerait à la veille française, serait un clivage entre Business Analyst et Informations Researchers. Pour mémoire, rappelons que le Business Analyst est celui qui sert d’interface entre l’aspect « business » et « technologie ». C’est une définition qui se retrouve également dans certaines offres de postes outre-Manche.
Or, en dehors de certaines offres d’emploi à caractère exceptionnelles, le poste d’Information Researcher n’existe pas plus en Angleterre qu’en France. Nos voisins anglais lui préfèrent celui de Research Analyst, qui inclut la compréhension du besoin du client, la collecte de données et son analyse. Le clivage entre Business Analyst et Research Analyst, qui apparaît comme le cousin anglais du chargé de veille, ne serait donc pas si marqué que cela sur le marché de l’emploi anglais. On note au passage une connotation marketing de la veille chez nos amis anglais, mais que l’on retrouve également sur le territoire français.
Sauf qu’en franchissant la Manche, l’offre d’emploi anglaise est devenue, en France, une offre de stage exécutée par une personne que l’entreprise rémunèrera 420€ par mois, si le stage dure plus de deux mois et si l’entreprise est honnête, pour réaliser des travaux que l’entreprise facturera à son client bien plus cher.
Dans ces conditions, il est peu probable que les entreprises françaises soient désireuses de laisser quiconque tuer cette poule aux œufs d’or. Et si quelque intervention politique ou judiciaire venait menacer le fonctionnement de cette belle machine, rien n’interdira alors à nos entrepreneurs français de délocaliser la prestation en Europe ou en dehors…ou de laisser entendre qu’elles pourraient le faire afin de remporter le bras de fer. Les chirurgiens ont déjà recouru à cette menace.
2) Une veille financée…mais pas par l’entreprise
Si la veille est créatrice de valeurs, elle ne doit pour autant pas devenir consommatrice de ressources financières ou humaines. Car, c’est bien connu, faire de la veille coûte cher, prend un temps fou, ne rapport rien à l’entreprise et ne concerne que ceux qui sont sur Internet, c’est-à-dire majoritairement les grands noms du CAC 40. Et 97% des entreprises françaises sont des TPE de moins de 20 salariés, dont les difficultés économiques ont dégradé la rentabilité en 2010 au point de les amener à baisser leur effectif. Pas question, dans ces conditions, d’engager des fonds dans une activité de veille.
En outre, une dynamique de groupe préside à cette timidité financière. Pourquoi s’encombrer de solutions onéreuses à l’achat et complexes à faire fonctionner si les concurrents n’en disposent pas ? Pourquoi faire de la veille alors que personne n’en fait ? S’il est exact qu’un Paris-Dakar ne se gagne pas juché sur un vélo ou au volant d’une DS quand d’autres concurrents disposent de bolides plus perfectionnés et performants, le cycliste conserve toutes ses chances si tous ses concurrents sont à vélo.
On comprend alors mieux pourquoi Bercy a tenu à rappeler qu’en matière de veille et d’Intelligence Economique, « le rôle de l’État n’est pas d’agir à la place des entreprises ou des banquiers ». Mais comment faire boire un âne qui n’ a pas soif ? Il ne reste, dès lors, au Délégué Interministériel à l’Intelligence Economique d’autre option que de diffuser la matière auprès des étudiants du deuxième cycle d’études supérieures afin de la faire entrer dans l’entreprise par la petite porte.
Même par ce biais, les perspectives de réussite ne sont pas assurées. D’une mission dont l’exécution repose sur un savoir, un savoir-faire et un savoir-être propre, la veille va progressivement se trouver reléguée au rang de tâche obscure, ingrate et chronophage dont la bonne exécution dépendra de la prise de conscience du dirigeant et de la sensibilité des exécutants à l’initiation qui leur aura été dispensée. De plus, l’intégration de ces jeunes diplômés aux effectifs de l’entreprise reposera sur l’optimisme ou la morosité ambiante des dirigeants d’entreprises aux aléas de l’économie et au besoin en ressources humaines.
3) Une veille ravivée ? A voir…
Certes, des signaux montrent qu’un mouvement s’initie ou est en cours au sein de la discipline. Il serait intellectuellement malhonnête de l’ignorer.
Mais la jeune génération, si elle ne s’en laisse plus conter, n’en reste pas moins devant ce mur que leur oppose les entreprises, et qui leur interdit l’entrée dans le monde du travail, sauf à renoncer à invoquer le bénéfice des diplômes acquis, à s’orienter vers les institutions publiques, ou tenter l’aventure de la création d’entreprise. A moins que les jeunes diplômés en veille, las de la résistance que leur oppose l’entrepreneuriat français, ne se laissent attirer par les sirènes de l’expatriation hors de France ou d’Europe…générant ainsi une vraie problématique de protection du patrimoine immatériel au niveau national, celui du savoir-faire.
Bibliographie
Définition du Business Analyst
http://www.theiiba.org/AM/Template.cfm?Section=Becoming_a_BA&Template=/CM/HTMLDisplay.cfm&ContentID=4377 )
Offre d’emploi de Business Analyst en Ecosse
http://careers.peopleclick.com/careerscp/client_capita/external/jobDetails.do?functionName=getJobDetail&jobPostId=44449&localeCode=en-us
Offre d’emploi pour un poste d’ Information Researcher
https://ihs.taleo.net/careersection/2/jobdetail.ftl?job=46420&src=JB-10100
Offre d’emploi de Research Analyst
https://careers.gartner.com/OA_HTML/OA.jsp?OAFunc=IRC_VIS_VAC_DISPLAY&p_svid=14965&p_spid=1894011
Offre de stage de chargé de Veille
http://www.amplement.fr/offre/job/emploi/stagiaire-e-veille-e-reputation/paris-75/35822/
La rémunération du stage
http://www.mediaetudiant.fr/vie-etudiante/salaire-stage-reglementation-3252.php
La location d’étudiants : la voie ouverte au travail jetable
http://www.france-info.com/chroniques-initiative-france-info-2011-02-15-la-location-d-etudiants-la-voie-ouverte-au-travail-jetable-515744-81-482.html
Le jour où les stagiaires feront grève
http://twitter.com/FibreTigre/status/50839079725694976
Offre d’emploi : chargé de veille informationnelle au Maroc
http://www.embauche.com/details_offre_d_emploi/bureau-d-etude-cao-dessinateur-projeteur-77/charge-e-de-veille-informationnelle-830341#
3000 chirurgiens menacent de quitter la France
http://www.uspo.fr/spip.php?article361
7 bonnes raisons pour ne pas faire de la veille
http://blog.corporama.com/7-bonnes-raisons-pour-ne-pas-faire-de-veille/
Le poids des TPE
http://www.ifop.fr/media/poll/1219-1-study_file.pdf
Baromètre des TPE et PME réalisé le 27 mai 2010
http://www.tns-sofres.com/points-de-vue/67F1794A925A487EBF79B3EF17E72B7A.aspx
62% des TPE françaises absentes du Web
http://www.distributique.com/actualites/lire-numerique-les-tpe-francaises-accusent-toujours-un-retard-important-15950.html
« le rôle de l’État n’est pas d’agir à la place des entreprises ou des banquiers »
http://www.ie.bercy.gouv.fr/directions_services/scie/docs/note_gie_inhes09.pdf
Tous les étudiants sensibilisés à l’Intelligence Economique dès 2013
http://blog.lefigaro.fr/crequy/2011/02/tous-les-etudiants-sensibilises-a-lintelligence-economique-des-2013.html
Cher M. Martinet,
Je n’ai pas habitude de poster ou d’intervenir dans les discussions du net ; bien que je les suive. Je suis quelque part une « travailleuse de l’ombre ». Responsable veille à l’IFIE, je me plais plus dans la technique que dans la représentation, je laisse cela à mon boss aussi souvent que possible. Je suis en tout cas heureuse que le travail du veilleur soit à nouveau mis à l’honneur dans votre article et dans les commentaires, c’est rafraichissant.
Sur le fait de faire de la veille avec des outils gratuits, je suis tout à fait d’accord avec votre vision des choses et je ne manque pas de faire passer le message que tout cela est loin d’être suffisant sur de nombreuses problématiques. Lors des formations que je dispense, bien que je sois obligée de parler des outils dits « gratuits », je mets toujours en avant l’utilité des outils professionnels comme soutien à tout bon travail de veilleur.
J’ai toujours estimé que pour tout professionnel de la gestion de l’information, mettre les mains dans le « cambouis » c’est aussi mieux comprendre comment marche l’outil, mieux comprendre comment sont rangées les données, mieux comprendre comment fonctionne le web … La curiosité et la créativité, associé à de la rigueur fait le reste.
Cependant beaucoup de mes auditeurs sont amenés à rechercher de l’information récurrente avec peu de budget car l’entreprise ne comprend que rechercher de l’info ça a un prix même sur le net. Leur objectif est d’alors, valoriser l’apport de mettre en place une veille efficace, donner un aperçu de ce que l’entreprise pourrait faire en mettant en place des axes de veilles à visée stratégique, et l’analyse qui va bien, en utilisant dans un premier temps des outils gratuits et en expliquant qu’avec de la méthodologie, et/ou la création d’un poste de professionnel , puis l’investissement dans un outil métier adapté à leur objectifs, ils pourraient faire bien plus et être plus efficace.
Je dirai alors que l’outil gratuit est plutôt un moyen de sensibiliser à la réalité du métier de veilleur à condition de bien présenter les choses.
Excellent billet de Frédéric que je trouve très bien complété par Christophe Deschamps.
La veille et par extension l’Intelligence Economique ont pour matière première l’information issue de sources numériques (Internet) et humaines.
Cela fait 12 ans que je travaille dans le domaine de la veille. 4 ans au service d’une Chambre de Commerce et d’Industrie et que se passe-t-il sur le terrain ?
Aucune entreprise ou institutionnel rencontré ne sait chercher efficacement de l’information. Et je suis gentil en rajoutant “efficacement” dans ma phrase car je n’ai jamais rencontré une personne capable ne serait ce que de m’expliquer le principe de requête avancée sur un moteur de recherche …
J’évite les gros mots du genre : réaliser un sourcing par typologie de sources d’information.
Alors, Messieurs les représentants de syndicats et d’associations, n’oubliez pas que pour faire une analyse de risque, une gestion de crise, une sécurisation des savoir-faire, (…) vous avez besoin d’informations et donc de personnes capables d’identifier et d’évaluer des sources d’information qui soit dit en passant se démultiplient depuis l’apparition du Web 2.0 (qui n’est rien d’autre qu’une simplification extrème de la publication d’information par tout un chacun sur Internet).
Pour compléter ce que dit Frédéric dans ce billet, j’ajouterai plusieurs choses :
Les outils gratuits ont leur utilité, ne serait-ce que pour franchir les premiers pas dans le cadre d’une démarche de veille et d’entrer par la suite en fonction des besoins dans d’autres types de systèmes. Pour moi la veille, c’est aussi “des outils à 2 balles”, car l’essentiel n’est pas forcément l’outil utilisé, mais l’usage prévu des informations identifiées.
Toutes formations universitaires et écoles d’ingénieurs devraient avoir un module obligatoire sur la recherche d’informations (pas seulement du Google pour les nuls mais aussi connaître les types de sources d’informations existantes aujourd’hui et savoir évaluer une source d’information). Voilà un objectif intéressant pour 2013, Monsieur Buquen !
Le jour, où les gens sauront et comprendront comment chercher de l’information, en utilisant leur cerveau, leur main gauche et droite alors le veilleur pourra devenir un chef d’orchestre, coordinateur d’une démarche et d’outils au service d’une stratégie agile d’entreprise.
J’aurai souhaité ajouter un commentaire sur l’aspect bibliométrique du métier de veilleur qui va, à mon sens, devenir obligatoire dans les années à venir mais ce sera pour une prochaine fois !
Mesdames,
Messieurs,
Mea Culpa : depuis le départ de mes mandats, je refuse de m’insérer dans des échanges par voie de blog ou de forums, considérant que la FéPIE et le SYNFIE ont pignon sur rue, que nos structures – association et syndicat – sont accessibles à tous et notamment à toutes personnes morales dûment et légalement inscrites.
J’ai fait exception vous concernant, force est de constater que ce n’est pas couronné de succès, ayant le sentiment que notre post vous aura servi d’éxutoire : je le regrette, ce n’était pas le but.
A titre d’anecdote, la leçon de Droit de Monsieur Martinet quant au Conseil Constitutionnel ressort de la farce..!
Nous comprenons une partie de vos arguments, nous réprouvons vos caricatures et vos préjugés : ce qui est excessif est insignifiant. A quand un schéma de dialogue avant d’écrire n’importe quoi, sans avoir pris contact avec les organisations que l’on dénonce par facilité ? c’est celà vos blogs??? mais pour faire quoi, avec quels résultats??
Il vous appartient de continuer d’accepter des amalgames douteux quant aux méiers de l’Intelligence Economique au gré des “affaires” diverses dont la presse se nourrit.
En ce qui concerne le SYNFIE et la FéPIE, cette communication sera la cloture de nos échanges sur ce mode, croyez bien que je le regrette à titre personnel, étant pourtant disposé au débat. Encore une fois, je vous invite à participer de manière positive, autrement…
Monsieur Séveno,
J en’ai pas l’impression que ce post ait été un exutoire. Bien au contraire. J’estime qu’il s’agit tout au plus d’un coup de pied dans le cocotier. D’un moyen de faire réagir.
Et comme vous le voyez ici tout le monde a la parole. Sans aucune censure. Les choses peuvent s’y dire librement et le pignon sur Rue y est accessible.
Il me semble inutile de revenir sur ce que vous appelez ma leçon de Droit sur le conseil constitutionnel. Je ne pense pas que le fait que la Lopssi 2 se soit fait retoquée puisse être sujet à discussion. C’est un fait comme l’est le processus de validation des lois françaises. On retiendra par ailleurs que de toute l’histoire de la Vème République il s’agit de la loi qui s’est vue reefuser le plus d’articles. (http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/03/10/securite-le-conseil-constitutionnel-censure-des-articles-cles-de-la-loppsi-2_1491423_823448.html) Je n’ai donc aucune h ésitation à dire que c’est une partie importante de cette loi qui était indigne d’un état de Droit.
Vous noterez cependant peut être que ce blog s’est abstenu de tout commentaire sur les affaires que vous pointez du doigt dont la dernière en date qui pourtant a suscité bien des émois et mobilisé thèses et antithèses.
Je tiens enfin à préciser que je me suis toujours battu contre les amalgames entre “intelligence économique” et espionnage. Je le faisais également en évitant de rappeler à chaque début de conférence qu'”intelligence” venait du terme anglais. Le fait-on dans intelligence artificiel. Je pourrai ainsi prendre de nombreux exemples dans lesquels des professionnels de l’intelligence économique qui “veulent” à tout prix éviter les amalgames” n’hésitent pas à se précipiter sur le premier plateau télévisée ou radio dès qu’il y est question d’espionnage… Les amalgames comment là me semblent-il…
Et je pense que tous ceux qui me connaissent un tant soit peu savent pertinemment que justement je n’ai jamais fait la confusion et je n’ai jamais joué ce jeu là.
J’espère peut-être que la Fépie / Synfie entendra tout de même le message qui s’est exprimé ici. Peut être dans l’excès de ma part mais de façon beaucoup plus modérée mais tout aussi argumentée de la part de professionnels qui ont pignon sur rue en plus d’avoir pignon sur Web.
J’espère que la Fépie / Synfie découvre ici également quelques noms qui comptent je le pense dans le monde de l’intelligence économique en France et qui ne semblent pas forcément se reconnaître en elle et qu’elle ne semble pas forcément connaître non plus.
C’est encore un voeu, mais j’espère que la Fépie / Synfie aura également à coeur de se faire reconnaître de tous les types de professionnels de l’intelligence économique avant de parler en leur nom et de se faire reconnaître des instances étatiques.
Et je en peux qu’inviter le Synfie / Fépie à participer aux débats sur les blogs, aussi vifs soient-ils. Car le débat fait progresser les choses. Car le débat permet la contradiction.
Il n’est pas question ici d’autre chose. Actulligence a toujours été je l’espère un lieu d’échanges et de débats riche pour ceux qui ont pris le temps de lire, de commenter et parfois même d’écrire ici.
Au fil du temps, j’ai successivement lu, observé, rediffusé, rédigé. Et maintenant j’ai envie de dire tout haut ce qui se murmure dans ce petit monde d l’intelligence économique qui m’a par ailleurs beaucoup donné.
http://www.promethee.fr/actualites/7005-moralisons-intelligemment-les-metiers-dintelligence-economique.
ce texte donne le point de vue de b.Carayon et merite attention puisqu’il vient d’un des rares parlementaires s’exprimant et travaillant sur l’iE ( dont la veille est composante)
la vivacité des échanges est signifiante …Frederic a touché juste !
le pb de la veille IE, c’est ce que j’appelle le “syndrome de pearl harbour”: on peut avoir quelqu’un qui vous porte l’info stratégique mais passer outre.ou pas ..les américains savaient par leur SR que le japon allait attaquer: ils ont éloigné leurs porte avions et ca leur a permis d’entrer en guerre…
napoléon aurait dit: se faire battre est excusable; se faire surprendre ne l’est pas.
quant à la veille pour les entreprises, 90% d’entre elles sont des TPE
et il s’ adapter a cette réalité …
Sinon moi j’ai 23ans et je fais des études en intelligence économique, sans vouloir aucunement envenimer le débat ou autre je ferais simplement une petite remarque sur les différents profils des professionnels travaillent dans le monde de l’IE.
J’avais écris une longue réponse, en plus ca m’avais pris au moins 20minutes mais tant pis, je préfère faire la version courte.
De mon point de vue et de celui de tous mes camarades et de tous les “jeunes” avec qui je parle dans le domaine de l’I.E, on est tous souvent d’accord pour dire que l’I.E c’est soit :
– Des personnes de l’âge de nos parents (voire plus) qui ont des cabinets d’intelligence économique privés ou occupent des fonctions hauts placées au sein de direction sécurité de groupes, et qui se défendent de faire de l’espionnage, qui ont tous un passé dans le domaine du renseignement ou de la police dans des brigades financières, des divisions antiterroristes et j’en passe…Qui en parlant d’I.E papotent de contre-espionnage élèctronique, de renseignement financier, de gestion des risques en Afrique, de Rhodia, de Théa…
– Des plus jeunes, digital natives ou pas du tout d’ailleurs, que l’on sent très souvent passioné, qui causent plus de veille, d’eréputation, de protection de l’information, d’informatique, de web2.0, d’Alerti, de Sindup, de Twitter…et qui bossent le plus souvent au sein de directions marketing (et non sécurité) de grands groupes, d’agences de pub ou de comm’…
Voila je pense qu’il y a deux “mondes”, les deux faisant de l’intelligence économique mais n’évoluant pas dans les mêmes bulles néanmoins!
Ceci est mon avis et n’engage que moi bien sur, je ne prends pas parti et je ne critique personne, j’observe simplement.
Pour rajouter mon grain de sel dans le débat (avant le week-end, le beau temps fera du bien à tout le monde :-)).
Je suis un “jeune professionnel” de l’IE : pas jeune au sens de mon âge, ou de bullshit marketing comme la “génération Y”… Jeune en terme de temps de pratique (comme beaucoup d’organisations d’ailleurs).
Si on parle d’avenir, ce qui me fait “peur” est :
– le décalage souligné par Poulopot (joli pseudo au passage :-)) entre les personnes s’appropriant le web et celles détentrices de “l’IE à la papa”. Les deux sont nécessaire, et pour ma part si je verse plus dans la première, je ne renie pas l’intérêt de la deuxième approche (les 2 doivent être complémentaires)
– la recherche de normalisation des pratiques… Le monde de l’info évolue trop vite pour y poser des dogmes inébranlables. Et avant des les normaliser, il faudrait déjà les développer (au risque de passer éternellement pour un milieu fermé).
– le fait de voir des propositions de lois liberticides s’appuyer sur la récurrente peur fantasmatique du méchant chinois, du méchant hacker, etc. Et ensuite appeler ça de l’IE !!!
– l’idée que les personnes censées nous représenter aux yeux de l’Etat et des entreprises… et bien ne nous représentent pas du tout (tout du moins moi), et ne font qu’accentuer ce décalage entre les besoins réels (comme la veille), et les besoins rêvés (le tout sécuritaire, le tous veilleur, etc.).
Ce qui me rassure par contre dans cet avenir de la veille ou de l’ie est :
– de voir des personnes comme Marie développer des projets de serious game autours de la veille. Et sans créer de syndicat!!! et sans avoir 20 ans d’expériences en ministère ou à la DGSE ! Actions qui toucheront durablement plus de personnes et d’organisations que de nombreuses conférences bien inutiles…
– des personnes comme Terry porter à bout de bras le VeilleLab, et réunir des vrais communautés de pratiques en province
– des pros comme Frédéric (qui lance de vrais débats) ou Christophe, qui sont des vrais points de repaires pour les pros de la veille.
– des entreprises, des pros, des lecteurs (je parle pour mon blog) toujours plus intéressés par la veille, l’influence, la gestion des connaissances… Que l’on appel ça IE, e-réputation, e-curating ou Intelligence community, peu importe : les méthodologies et l’état d’esprit sont là !
– des étudiants toujours plus intéressés, des projets qui se montent (notamment de livre blanc…#teasing :-)), des réflexions qui évoluent, des technologies qui se développent, des recherches scientifiques qui s’affinent…
Bref, je pourrais continuer longtemps car heureusement il y a plus de positif que de négatif dans “l’avenir de la veille”.
Et si je puis me permettre, M.Seveno : organiser un vrai débat !
Pas le énième colloque où vous vous congratulerez entre anciens militaires/ministères/ResponsablesSécrutié… Pas une énième conférence où la moyenne d’âge sera de 60 ans, et le public des entreprises du CAC40.
Non un débat où vous ne pourrez pas vous enfuir comme sur ce blog, première fois d’ailleurs où je vous vois intervenir sur le web. Un débat où enfin on demandera aux praticiens, jeunes ou vieux, connus ou non, ce qu’ils attendent de leur métier.
Et si, in fine, ils ont besoins d’être représentés…
Bon week-end 🙂
Ces commentaires m’ont fait rêver!
A eux seuls ils résument une chose jusqu’à présent inabordé: il y a véritablement deux mondes faisant de l’IE: comme dit Camille l’IE de Papa qui se reposent essentiellement sur leurs acquis av souvent une peur des techno. Combien de fois j’ai entendu des anciens reconnaître que les “jeunes” (Frédérique je considère que tu es jeune) étaient plus alaises av ce changement de contexte. Et le monde des moins expérimenté qui pensent trop souvent au tout technologique.
En lisant certains posts, je me rend compte de plusieurs choses :
– la définition de l’IE n’est toujours pas claire pour de nombreuses personnes. Et je souhaite que l’on enterre au plus vite ce concept qui brouille les cartes et la vision que l’on doit avoir de l’information au 21e siècle.
– On oppose encore les “vieux” aux “jeunes”. Je pense qu’il s’agit avant tout d’un problème de vision. Les anciens possèdent un qualité indéniable : un réseau puissant qui dépasse de loin ce qu’internet peut fournir comme information, tandis que les jeunes possèdent un atout indéniable : la maturité dans l’usage de l’outil informatique et d’internet.
Mais internet n’est PAS le seul support d’une bonne veille et les réseaux aussi importants soient-ils ne permettent pas de détecter tous les signaux faibles.
De plus, on oublie encore trop fréquemment le poids de l’information non dématérialisée : elle est très importante pour une bonne veille et s’en passer est une erreur.
Il me semble donc utile de commencer par remettre à plat l’IE en tuant l’IE et en parlant des métiers.
Et ensuite de ne pas oublier ce qui transpire des grandes entreprises c’est-à-dire le besoin exprimé que l’on va logiquement retrouvé dans les PME : un veilleur est D’ABORD un professionnel DU DOMAINE OBJET DE LA VEILLE !
La compétence veille est une seconde compétence, et pas une première compétence pour des raisons tout à fait compréhensibles.
Bonjour à toutes et à tous,
J’interviens rarement mais je pense que parfois il faut monter d’un étage le débat. Sur le fond, on est tous d’accord sur le fait qu’il faut mieux cerner les périphéries de l’IE, mieux détailler les métiers qui composent cette sphère, et vous tous, en particulier la famille des veilleurs (Fréderic, Christophe A et D, Camille, Aref, François… et pardonnez-moi d’en oublier) œuvrez depuis longtemps sur le sujet. Les blogs sont un bon théâtre d’expression mais peut-être pas suffisant. D’autres terrains existent, comme le précise Hervé Seveno, et il est peut-être temps de créer des espaces de dialogue en 1.0 pour que l’IE arrête de vivre en autarcie avec des débats IE contre IE. Aujourd’hui, sur le secret des affaires, sur la Loppsi, il est important que les acteurs de l’IE soient consultés et pour cela, il faut trouver un terrain pour que tous puissiez exprimer votre point de vue. Même si quelques éléments restaient en discussion, le député Carayon et Hervé Séveno ont déjà pu dialoguer pour revenir sur le terrain de la proposition Il serait aussi intéressant que la blogosphère soit représentée sur le marché de l’IE (j’inclus bien-sûr la veille). Je réponds donc directement à Christophe : viens frapper à la porte de la Fépie/Synfie.
Personnellement je connais assez bien le marché de l’IE, avec mes 900 anciens répartis à travers les cabinets, en indépendants, en entreprises, en collectivités ou même dans la fonction publique… et tous souhaitons faire apparaitre une IE distincte des métiers d’ARP, de la sécurité… Pour cela, faisons converger nos centres d’intérêts. C’est à nous tous de préparer l’avenir et le devenir de l’Intelligence économique.
Charles Pahlawan
Directeur adjoint EGE
Je n’ai malheureusement plus grand chose à ajouter tant la valeur de ces échanges est grande, si ce n’est souligner mon accord général avec les thèmes abordés.
L’opposition que nous fondons entre veille stratégique (je pense toujours qu’une veille ne peut qu’être stratégique) et Intelligence Économique pourrait venir du fait que cette dernière ressemble plus à une discipline encore un peu hétéroclite, alors que la première représente de fait une profession organisée autour d’une communauté de pratique et d’instances de médiation (les blogs et autres tribunes des réseaux sociaux).
Concernant les aspects technologiques, effectivement, le veilleur peut avoir à utiliser des moyens particulièrement avancés, mais avant tout doit rester au service de la décision stratégique. La technologie ne peut se substituer à la décision, et cette dernière ne peut être déléguée à quelqu’expert en Intelligence Economique fut-il sorti de l’école la plus prestigieuse. Le phénomène, encore plus accentué dans le milieu des PME, explique partiellement le peu de cas que ce dernières font de l’intelligence économique.
Je suis convaincu que la veille stratégique nécessite plus d’éducation et de pédagogie que de formations de haut niveau (il faut le leur reconnaître) ; la connaissance des fonctions de l’entreprise m’apparaît aussi fondamentale que celle du fonctionnement du web profond … et je fus surpris il y a peu de constater à la fois l’apparition de formations de niveau licence pro et la poursuite de la dissémination de l’enseignement des pratiques de veille dans les différents cursus spécialisés dans les fonctions d’administration et de gestion de l’entreprise.
Mais nous parlons encore de veille, et peu d’Intelligence Economique … A ce sujet, je salue l’intervention de Monsieur Seveno ; certains pourraient la juger déplacée, ou maladroite, je la trouve personnellement courageuse, Monsieur Seveno a engagé un début de débat en se sentant certainement descendre dans l’arène, ce qui a contraint son discours. Les experts de l’IE parlent dans les instances représentatives de l’IE, les veilleurs parlent dans leurs blogs, Monsieur Seveno est venu nous rencontrer en faisant un premier pas ; j’espère de lui un second, puis un troisième, qui permette l’instauration d’une communication de fond.
Frédéric Marin – alfeo.org
L’article et les commentaires sont très intéressants. Merci Fred pour la discussion.
Quelques idées en vrac sans hiérarchie:
– Les sujets de la veille et de l’IE en France sont très sensibles. On le voit dans les commentaires de passionnés qui aiment leur job et veulent faire avancer les choses sereinement.
– Je me demande si tout ne démarre pas d’un problème générationnel et culturel : sur les pratiques managériales, les pratiques de veille, les pratiques d’analyse… Certains “top management” ne comprennent pas encore qu’il est impératif d’acquérir des informations et de les protéger, par contre la gestion RH, financière, de production y sont sur-représentées dans les entreprises.
– L’idée de “celui qui a l’info a le pouvoir” est encore trop présente dans les organisations. Chacun est dans son pré-carré… Je me demande sincèrement si cela pourra changer en France pour une meilleure transversalité… (pas sûr)
– L’analyse doit être centrale. Les logiciels de veille ne sont que des outils ! Ils représentent souvent le “saint graal”. La logique voudrait que l’on parte des besoins pour aller vers les solutions et non l’inverse… Je ne suis pas sûr que cela soit la cas. J’ai l’impression que c’est plutôt la “course à l’armement” avec des outils puissants mais qui mal utilisés n’apportent pas grand chose à la prise de décision… On oublie trop souvent le renseignement humain…
– Pour ne pas avoir fait d’études universitaires dans le domaine de l’IE et de la veille, je me rends compte que c’est un handicap sérieux lorsque l’on souhaite travailler dans ce domaine qui nous passionne. C’est encore un biais culturel. Or je suis persuadé que des personnes intéressées par ces problématiques mais issues d’autres cursus apporteraient énormément de plus-value dans l’analyse et donc la prise décision.
Nicolas
l’angle “jeunes vieux” de certains échanges est assez “bizarre”…
internet ,google et autres média sociaux et donc les outils de veille informatisée sont des “choses ” somme toute récentes …( et on a pourtant fait de l’IE dans le monde économique et politique sans parler du militaire avant ces outils et leur expansion mondiale)
le rapport Martre date de 1994, alain Juillet a eu la haute autorité IE en 2004…
On est en 2011…la génération Y peut se souvenir qu’il y a encore une génération A et qu’il va venir une génération Z et A’…
la complementarité collecte-exploitation s’ y retrouvera…
J’ai lu avec attention l’ensemble des témoignages et souhaite apporter celui d’une ménagère hélas de plus de 50 ans, avec son expérience de prestation de veille aux PME /TPE de plus d’un quart de siècle.
Opposition « jeunes » et « vieux » de l’IE : je fais souvent du troc entre mon expérience et connaissances des entreprises, des réseaux et celle des « nouvelles technologies » avec les stagiaires ou étudiants que j’ai l’occasion d’encadrer. A ce titre, l’option IeStrat de l’INSA Lyon rassemble des intervenants et encadrants expérimentés de tous horizons, des étudiants de dernière année, (de toutes les options techniques Insa) et des « clients (PME, labos, pôles) » à travers une courte mission IE-recherche d’infos à caractère stratégique (groupe de 4 étudiants). Le mélange est détonant d’efficacité ! Transmission des savoirs (dans les 2 sens), travail collaboratif, sensibilisation des clients par la preuve concrète, et des futurs employeurs de ces ingénieurs.
Les veilleurs sont rarement des ingénieurs, informaticiens : les Arist au sein des CCIR prouvent le contraire, tout au moins dans celle ou j’exerçais, majoritairement composée de scientifiques, ingénieurs+ formations complémentaires en PI, normalisation, + langues+ techniques de recherche et d’analyse de l’info+ informatique. Le Facteur Clé de Succès étant la composition de l’équipe et la complémentarité des profils.
Les étudiants en IE ne sont pas formés à la recherche d’infos : je l’ai aussi constaté. Le seul moyen de faire bouger les choses est de s’investir dans ces formations, soit en tant qu’intervenant soit auprès des conseils de perfectionnement. On peut aussi accueillir des stagiaires et les former (même si gros investissement temps) au lieu de les utiliser uniquement comme main d’œuvre à bon marché (comme je le vois dans bon nombre d’annonces !).
Former aux outils gratuits de veille : Suis d’accord avec Hélène et Vincent, c’est un moyen de sensibiliser, notamment les TPE, suivant l’adage « cela vaut mieux que rien ». Pour le faire régulièrement, c’est un travail de fourmi, (sensibilisation de 5 à 10 personnes par atelier), et il faudrait des « armées » de formateurs pour élever le niveau global de connaissance de nos entreprises et sur les outils et sur le processus de veille.
La normalisation : pour participer activement au groupe de travail sur le très prochain fascicule de documentation « Management de l’intelligence stratégique », il s’agit d’un véritable exercice collaboratif, de confrontation d’idées, de négociation (mot par mot), pour obtenir un texte consensuel, donc insatisfaisant par définition, mais qui s’inscrit dans une véritable démarche d’IE à l’échelle européenne (défense des positions françaises) dans le cadre de la future norme sur le Management de l’innovation.
IE offensive, défensive, syndicats, associations : je ne suis pas encartée, mon créneau est l’IE offensive, et particulièrement la veille, sans oublier la nécessaire attitude collective de vigilance dans les organisations et la collaboration avec les plus spécialistes que moi (le réseau en somme !)
Encore merci pour ces échanges passionnants, qui montrent que l’avenir de la veille ne sera qu’à la hauteur de l’implication personnelle que chacun voudra bien fournir.
Sylviane
Sylviane, d’accord avec vous sur tout. Juste une précision par rapport à ce que je disais dans mon commentaire : les ingénieurs peuvent évidemment être d’excellents veilleurs pour les thèmes techniques. C’est la vocation principale de la veille menée par les Arist et c’est donc normal qu’ils y soient en force (et même je dirais heureusement!). Ceci dit d’innombrables organisations qui font de la veille ne la confient pas à des ingénieurs et, pour des raisons que j’ai déjà évoqué ici : http://bit.ly/hAGuiJ (Frédéric je ne me fais pas de pub sur ton blog, c’est pour la démo 🙂 , cela n’est pas forcément un problème, dans certains cas c’est même un avantage.
Les informaticiens font sans doute de la veille également, au moins à un niveau personnel, mais il me semble qu’ils sont plutôt ceux qui développent les applis de veille, c’est peut-être ce que voulait dire le communiqué que je cite. Ce qui m’agace ici c’est la vision très restrictive qu’il donne de ceux qui font la veille et qui sont la “cheville ouvrière” de tout dispositif d’IE efficace. Pour une association qui veut représenter les métiers de l’IE je trouve cela étonnant.
Pour ce qui est de l’angle jeunes/vieux, je ne suis pas sûr non plus que ce soit vraiment la question et d’ailleurs ce n’est pas ainsi que le sujet est abordé me semble t-il (mais j’avoue ne pas avoir tout relu). Il s’agit plus d’un problème d’ouverture à d’autres manières d'”être dans l’IE”. Or, les tenants d’une vision sécurité/défensif/rens de l’IE sont plutôt quinquas et plus que trentenaires et moins. Question de proportions en fait, même si je peux évidemment citer des sexagénaires qui nous en remontrent (enfin je parle pour moi) en terme de veille sur le web (et ailleurs).
Bonjour,
Merci à tous pour ces excellents échanges, sereins et constructifs.
J’aimerais rebondir sur deux points évoqués:
– Le premier porte sur le débat gratuit/payant.
Personnellement, je ne fais pas cette distinction. Toute chose égale par ailleurs, en quoi le fait de payer un outil le rend plus efficace vis à vis du besoin ?
On raisonne par l’outil et avec un postulat qui reste à prouver selon la nature du besoin.
Si on raisonne par le besoin qui débouchera sur le choix de l’outil, ou de la méthode, alors les informations pour une bonne prise de décision peuvent-être amenées par une simple alerte Google (si celle-ci couvre l’ensemble de la demande, pourquoi investir dans un crawler plus sophistiqué ?), par le développement ou l’entretien d’un réseau (un mail ou un coup de fil de temps en temps peut être plus efficace qu’une veille numérique),…
Autre exemple: l’API de traduction de Google permet de traduire deux à deux 53 langues dont 15 avec reconnaissances vocale, gratuitement. Que m’apporte un module de traduction automatique optionnel (c’est à dire une ligne en plus sur la facture qui s’alourdit de plusieurs milliers d’euros ) de quelques grands acteurs du logiciel qui propose de traduire dans quelques langues.(souvent 7 et seulement latines) pour un résultant au mieux équivalent (on parle de traduction automatique) ?
Ces sont des exemples volontairement simplistes et caricaturaux, c’est pour illustrer de façon claire mon propos.
Qu’on me comprenne bien, je ne suis pas en train de faire l’apologie du gratuit, j’essaie juste de remettre un peu d’équilibre pour ne pas tomber dans un travers opposé: le biais cognitif dit raisonnement fallacieux (L'”argumentum ad crumenam” ou raison du plus riche, “si c’est plus cher c’est donc plus efficace”…).
Rien n’empêche dans mon raisonnement que le dispositif de veille soit très onéreux mais que ce soit du temps homme et non de l’outil qui soit payé, si c’est la meilleure organisation…
Je pense que c’est en fonction du besoin, des ressources en interne et du budget qu’on choisit les outils et les méthodes, le prix ne doit pas être à priori un élément discriminant.
Toutes les entreprises, les PME en particulier, n’ont pas forcément besoin d’un logiciel de text mining sans équivalent gratuit pertinent par exemple.
Du moins c’est comme cela que j’aborde le problème, n’hésitez pas à rebondir si vous n’êtes pas d’accord.
– Le second point porte sur la fracture générationnelle que l’on résume souvent par une fracture numérique et des réseaux à priori étanches.
Je pense que les angles générationnelle et technologiques ne sont pas les plus pertinents. C’est l’angle comportemental qui prime.
On passe d’une intelligence économique 1.0 ou acquérir l’information était le pouvoir à une intelligence économique 2.0 ou partager l’information est le pouvoir.
Or je connais des “vieux” qui partagent facilement l’information et des “jeunes” qui n’ont toujours rien compris à l’intelligence collective.
La vraie révolution est là pour la survie et le développement de nos métiers, utopique certes mais incontournable: vieux, jeunes, PME, grosses entreprises, universitaires, praticiens de terrain, politiques, fonctionnaires, consulaires,… de la communication et du collectif… en bonne intelligence.
Terry ZIMMER
Consultant indépendant
Bonjour à tous,
Tout d’abord plusieurs points à évoquer…
Désolé d’avoir été un peu absent des commentaires car clairement beaucoup de vos commentaires et réponses appelaient à des réponses. Je vais essayer de réparer cette erreur.
Deuxième point, grâce à Charles je me suis aperçu que certains des commentaires étaient passés en spam dont celui de Patrick qui du coup a publié un billet. J’ai donc dépilé les 65 pages de commentaires en spam (sur 15 jours) pour retrouver tous les commentaires égarés. C’est chose faite et je m’excuse. Il n’y a aucune censure sur Actulligence, juste un processus de validation pour éviter le spam qui est un vrai cauchemar et aussi pour éviter les attaques personnelles portées anonymement. Donc si un jour un de vos commentaires n’est pas publié dans les 24 heures faites moi un petit ping et je regarderai si ce n’est pas passé en spam.
Troième point, merci à tous. Depuis 9 ans que je publie sur le Web je crois qu’aucun de mes billets n’avait connu une activité aussi enrichissante. Une activité riche d’échanges, de débats et d’idées. Je reste donc persuadé plus que jamais que la communauté qui s’est exprimée ici (en grande partie moins de 40 ans à quelques exceptions près) est aussi riche d’idées et que le moment est donc sans doute venu de panacher les tranches d’âge dans les différentes instances qui selon moi se doivent d’être motrice dans la conduite de ce changement qui irait vers une meilleure représentativité de la population des professionnels de l’intelligence économique.
J’y reviendrai également car le point de l’âge a été abordé à plusieurs reprises.
Quatrième point, et il est un des plus importants. Je tiens à remercier Monsieur Séveno. Aussi vifs qu’aient pu être les échanges ils ont été riches, francs et honnêtes je pense. Alors certes, ils n’ont pas toujours été menés dans le respect du plus strict protocole 🙂 mais tous les opinions exprimés ici reflètent des préoccupations, des envies, des idées et tous montrent également que finalement on peut peut être parvenir à se parler.
La démarche de Monsieur Séveno de prendre la parole ici même est louable. Le retrait est peut être un peu rapide mais, mea culpa, ma subtilité légendaire a sans doute encore frappée. Je le remercie également de sa démarche puisqu’à l’issue de ce billet nous avons pu avoir l’occasion de discuter de vive voix ce qui est sans doute beaucoup plus sain lorsque l’on part de loin en termes de communication.
Ce billet aura au moins eu aussi le mérite de faire découvrir Actulligence et différents autres blogueurs et accessoirement professionnels de l’intelligence économique à Monsieur Séveno et espérons le à la Fepie/Synfie.
Je serai pour ma part ravi de participer aux échanges sur le blog de la Fépie / Synfie ou sur toute espace de discussion qui pourait être ouvert par ce dernier. Ce serait peut être une bonne idée un espace de ce type non ?
Voilà un long préambule, et maintenant je vais essayer de répondre à quelques éléments dur le fond.
1) Concernant le débat jeunes / seniors, certains l ‘auront lu, il ne s’agit pas d’une problématique d’âge mais de posture. Sans doute plus que dans d’autres milieux professionnels cette différence d’attitude est très marquée et l’on lit plus souvent que de raisons qu’on ne peut pas faire de l’intelligence économique et être jeune, qu’il faut des années d’expérience. Un long débat sur ce qu’est l’intelligence économique serait je pense inutile mais clairement ces propos montrent pour certains que la connaissance de la stratégie, de l’entreprise et de ses réseaux est au coeur du métier de l’intelligence économique et pour des plus jeunes que les processus, l’information, et les outils permettent également d’exercer ce métier. Et la cérité est probablement entre les deux. Je pense que ce qui est certains comme le soulignait monsieur Séveno que de junior on devient senior et que finalement les deux visions se complèteront un jour sans être en opposition comme ce peut encore être le cas.
Enfin ce clivage entre juniors et seniors est flagrante au sein des différentes institutions. Les seniors sont sous représentés. Aux assises de la formation en intelligence économique où se trouvent les jeunes par exemple ? Comment sont ils associés à la réflexion ? Au sein de la Fépie / Synfie quel est le pourcentage des moins de 35 ans au bureau ? dans les associés ? Ce n’est pas une attaque, mais un constat.
Et cela m’amène à dire que peut être ce n’est pas à cette population d’aller postuler ou briguer ses fonctions mais c’est aux organismes en question qui disent être représentatifs de s’assurer qu’ils le sont et de mobiliser de l’énergie à construire cette implication de la population des professionnels de l’intelligence économique.
2) Concernant le débat autour des outils, et je pense particulièrement aux remarques de Terry, nous sommes d’accord que l’essentiel est que l’outil corresponde au besoin. Maintenant ce que je pointais du doigt justement c’était cette inadéquation à double sens : auprès des PME auxquelles on essaie de faire croire qu’un netvibes ou qu’un outil gratuti répondra à TOUS Leur besoin en veille (sans s’être jamais posé la question de l’adéquation) et également dans certaines grandes institutions à qui l’on construit des usines à gaz de veille, sous optimisés, dont les fonctionnalités ne sont pas ajustées aux priorités, et dont l’organisation ne correspond pas…
Je rejoins donc totalement Terry !!! Arrêtons nous consultant de faire croire à des PME que la solution qui rentre dans leur budget va résoudre leur problème car nous savons que nous ne serons pas à même de faire débloquer un budget complémentaire et arrêtez d’acheter la plus “grosse”, la plus “brillante” des solutions de veille…
Le choix d’une solution de veille est engageant en budget, en organisation, en crédibilité et nécessite une réflexion (et pour cela il faut prendre le temps) autour des priorités informationnelles. Et je parle de véritable étude du besoin… pas un “audit” à faire soi même… Je parle d’un dialogue entre managers / métiers et professionnels de la veille et de l’information… et éditeurs logiciels (si besoin)
Enfin toujours à Terry, je te rejoins totalement sur l’importance de la veille terrain !!! Importante par dessus tout MAIS qui mérite d’être structurée !! (oui oui parce que c’est super le coup de fil que l’on passe… mais un des enjeux de la veille, de l’intelligence économique c’est bien de permettre de passer d’une information informelle à une information formelle qui peut alimenter la réflexion et la prise de décision.
3) Réponse à Charles principalement : tout à fait d’accord pour les espaces de conversation 1.0 !!! 🙂 D’ailleurs tu le sais bien, tous les ans je te tanne pour venir squatter les pelouses de l’Ecole de Guerre. Et tu n’es pas le seul chez qui j’essaie de “m’incruster” ! J’ai par ailleurs l’impression au contraire que les personnes qui ont pris la parole ici sont très 1.0 🙂 Nous ne sommes pas les derniers à pratiquer l’échange de visu, les réunions informelles. Finalement nous avons une logique réseau qu’elle soit physique ou numérique. Le vrai problème c’est l’étanchéité de ces réseaux… Et ce serait bien d’arrêter de se voiler la face : vouloir ouvrir les échanges c’est bien MAIS encore faut il que la volonté soit présente de vraiment échanger et non plus de se situer dans une posture de supériorité qui peut transpirer dans certains échanges.
4) Concernant le fascicule documentaire qui va sortir sur l’intelligence économique / veille par l’Afnor, Sylviane, tu dis qu’il s’agit d’un travail collaboratif. Un travail collaboratif discuté mot par mot mais entre qui ? Entre adhérents de l’Afnor. Je me trompe ? Question donc aux lecteurs de ce blog : combien d’entre vous sont adhérents à l’Afnor. Personnellement moi je n’y suis pas… #scepticisme …
En conclusion…
Bon… Alors ce Barboc in Bernay.. ? on élargit les invitations ????? 🙂
Non plus sérieusement merci à tous pour le temps passé à lire et à commenter. Il y a je pense une base de travail trés intéressante. Il y a également on le voit des vrais réflexions et des “jeunes” professionnels qui commencent à participer activement à faire rentrer l’intelligence économique dans les entreprises et qui par là même façonnent la vision que les chefs d’entreprises et les managers en ont.
Il y a un vent de changement rafraîchissant. Etant moi même à la frontière de la “génération Y” et parmi la première vague des blogueurs sur le sujet j’ai vu grandir cette communauté de professionnels qui prennent du temps en dehors des réseaux et associations pour publier ouvertement, gratuitement pour d’autres professionnels de l’Intelligence économique, pour également les entreprises participant ainsi à cet effort de sensibilisation.
Un rapprochement et une ouverture des réseaux serait la bienvenue je pense désormais… et attention, je ne parle pas de tentative de récupération d’influence ou d'”étouffement”… Je parle de vraies discussion ou l’on peut se parler franchement…
PS : Merci aux consulaires d’avoir pris la parole et parfois en n’ayant pas eu peur d’exprimer leur opinion…